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Animal, art et philosophie

L’animal occupe traditionnellement en philosophie une fonction de coupure, qui polarise les clivages entre forme et matière, esprit et corps, et assure la séparation entre animalité et humanité, mais aussi entre matière et vie. Il sert ainsi de verrou théorique pour assurer la distinction hiérarchique des règnes humain, animal, végétal et minéral. Réciproquement, c’est lui qui assure et permet une épistémologie de la variation matérielle, indifférente aux âmes données et aux formes constituées. Cela explique l’intérêt qu’il suscite dans la philosophie la plus contemporaine. À la croisée des sciences de la vie et des discours sur l’art, l’animal relance la question des genres, du monstrueux, de l’anomal et des normes politiques, sociales ou artistiques. De Spinoza, à Geoffroy Saint Hilaire, de Canguilhem à Deleuze, l’animal transforme profondément la question du sujet anthropomorphe, le considérant selon ses modes vitaux, dans sa pluralité, tandis que l’intérêt pour le larvaire, l’incomplet, le négligeable ou le multiple renouvelle notre rapport à l’art.