« Les animaux dans les utopies » Le récit utopique classique se présente comme un double discours : une critique des Etats réels, montrant la façon dont la propriété, l’égoïsme ou le préjugé altèrent les relations entre les hommes ; et la description d’une société idéale, légitimée par une réflexion sur l’être humain dénudé de ses fonctions sociales et réinséré dans un Etat abstrait, légitimé par son rapport plus direct à la Nature. Dans ce genre philosophique, comme dans les genres voisins, la figure de l’animal joue plusieurs rôles : elle peut incarner la justification naturelle, ou montrer au contraire les limites de l’humanité, voire représenter la forme supérieure de vie à laquelle les hommes ne peuvent atteindre. Mais toujours, ce qui est dit de l’animal constitue en fait une thèse inavouée sur l’essence humaine, c’est-à-dire une clef de compréhension des relations entre les hommes.
