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Anthropophagie et despotisme chez Sade : l’homme est-il un animal politique ?

Si la question de l’animalité semble se penser, au XVIIIe siècle, en termes de frontières et de différences, l’œuvre de Sade théorise au contraire une stricte égalité entre l’homme et l’animal. Cette abolition des espèces, fondée sur l’indifférence de la matière, renverse le modèle cartésien et nourrit la contre-utopie d’un univers despotique : l’homme est un animal qui ne reconnaît pour seule loi que la force et la violence dictées par la nature. Cette pensée de l’animal, omniprésente dans l’Histoire de Juliette et Aline et Valcour, fonctionne comme un miroir politique et anthropologique : négligés dans leur dimension pittoresque, les animaux deviennent les concepts d’une légitimation de la loi du plus fort. Rien n’interdit plus, dans l’univers sadien, de dévorer l’autre comme une vulgaire viande. De l’anthropophagie à l’inceste, la transgression des fondements de la civilisation, si elle était suggérée chez Prévost, devient ici le principe des royaumes despotiques.

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